Article du Docteur Oumar Wone, publé en Décembre 1982 dans l'organe central du parti Doomu Réewmi, Le Patriote.
Depuis quelques années (en gros depuis une décennie et demi), notre pays, le Sénégal traverse la période la plus critique de son existence. Non pas tant sur le plan politique, social ou économique où, comme chaque Sénégalais le sait et le sent, s’éternisent des problèmes dont la résolution n’apparaît pas à l’horizon mais surtout sur le plan encore plus crucial de la géographie : Notre terre, nos terroirs, le soubassement physique de notre nation, sont menacés de plus en plus inexorablement par la progression continue du Sahara.
Nous avons, c’est évident un peuple vigoureux et des richesses inépuisables dans les entrailles de notre sous-sol ; mais pour faire une révolution valable et bâtir une civilisation nouvelle à la hauteur de notre génie et de nos potentialités, il faut un cadre géographique vivant et humain.
Actuellement, le désert de Mauritanie, après avoir enjambé le fleuve Sénégal, notre Fleuve nourricier, notre Fleuve protecteur, est entrain de dénuder de vastes étendues du Fouta, du Oualo,du Djoloff, du Cayor et du Baol, cette région centre Nord-Ouest de notre pays qui constitue le cœur historique de notre patrie. Même le Boundou et le Sine Saloum ne sont pas épargnés et la désolation s’installe partout.
Si nous ne prenons garde et si des mesures d’urgence intelligentes ne sont pas prises, le vert Fogni avec ses futaies risque à son tour en moins d’une décennie de basculer dans le Sahel.
Le régime actuel qui ne s’alarme que devant la chute de la production de l’arachide, car cette culture qui épuise inutilement nos énergies et nos sols est son seul souci, ce régime donc, organise annuellement de campagnes folkloriques dites de reboisement, pour faire croire que quelque chose est fait pour barrer l’avancée du désert.
La réalité est malheureusement tout-autre ; ce qui est patent et visible, c’est le déclassement inconscient des lambeaux de forêts qui nous restent au profit de la culture de l’arachide (rien que pour la région de Louga, déjà toute sableuse,4.000 ha ont été déclassés en 1982) alors que les dizaines, voire les centaines de millions qui sont jetés pour mettre en terre quelque plantes qui meurent quelques semaines après faute d’entretien ou de pluies auraient pu servir à stabiliser d’autres équilibres.
Cela n’est logique ni sérieux.
C’est pourquoi Doomu Reew Mi, Le Patriote, organe central du parti dont le souci constant depuis sa création est d’intéresser le Sénégalais aux problèmes qui les assaillent pour essayer de leur trouver une solution, veut apporter sa petite contribution en introduisant une étude sur les moyens de stopper le désert, sur ce qu’il faut faire pour reverdir le Sénégal et ramener les pluies abondantes d'antan.
Cela est d’autant plus impérieux que le Parti Populaire Sénégalais est convaincu que la conservation ou la restauration d’une écologie dynamique est aussi nécessaire aux Sénégalais que la révolution qui va transformer les structures sociales et les mentalités et trouver une nouvelle dimension à la production agricole et industrielle.
Cette étude, en s’appuyant sur des données scientifiques irréfutables va essayer de dégager des axes de réflexion pour tous les Sénégalais. Elle étalera ses investigations sur un siècle d’évolution géographique du Sénégal, cherchera à cerner le pourquoi et le comment des phénomènes qui nous préoccupent et proposera des solutions.
I. LE SÉNÉGAL GÉOGRAPHIQUE IL Y A CENT ANS
Vers les années 1880, c'est-à-dire juste avant l’irruption généralisée des hordes colonialistes sur l’Afrique, le Sénégal était un pays vert, tropical humide, entièrement occupé par la foret et une savane boisée uniforme : les éléments de la climatologie d’alors étaient :
1) Pluviométrie.
Il y'a cent ans le Sénégal est uniformément bien arrosé. Des pluies abondantes, régulières tombaient la moitié de l’année c'est-à-dire d’Avril à Octobre sans discontinuer.
L’isohyète 1.000 mm oscillait autour de la ligne Lompoul- Matam et le Sud mauritanien jusqu'à la latitude de Nouakchott, recevait annuellement des précipitations dépassant les 500 mm et se répartissant sur plus de trois mois.
Ziguinchor était à 2.000 mm et tout le sud du Sénégal baignant dans une ambiance presque équatoriale : l’air était saturé d’humidité. L’atmosphère suffocante. D'énormes nuages se poursuivaient sans cesse dans le ciel et déversaient des pluies d’diluviennes presque sans interruption durant 6 à 8 mois chaque année.
2) Végétation :
A cette époque on avait deux zones de végétations seulement.
a) Au sud de la Lompoul-Matam et dans les vallées fluviales (galerie) se développait une foret dense, humide avec des arbres pouvant atteindre 40 à 50 m de hauteur, comptant un grand nombre d’espèces réparties sur une espace restreint comme dans la foret équatoriale et tous les types y voisinaient avec un grand désordre. Ces arbres y étaient étagés et présentaient une végétation de sous-bois d’une vigueur remarquable avec de lianes enchevêtrés en un fouillis inextricable, l’ensemble étant toujours en pleine activité et toutes les plantes avaient de feuilles persistantes. La grande humidité d’alors expliquait cette grande vitalité.
Ces peuplements se prolongeaient plus au Nord dans le long des rivières (Sénégal, Ferlo) en formant des rubans boisés appelés forêt-galerie constitués par des arbres de haute futaie donnant un sous-bois dense d’arbre et de lianes. L’existence de forêt-galerie est liée à la présence d’une nappe aquifère superficielle abondante.
b) Au Nord de la ligne Lompoul-Matam, se trouve le domaine de la savane boisée : Cette savane se présentait sous l’aspect d’une formation boisée moins touffue que la foret dense méridionale avec des arbres de 18 à 25 m de hauteur plus clairsemés dont la plupart perdait leur feuilles, une parti de l’année et le sous-bois était constitué par des herbes de haute taille.
Dans la forêt comme dans la savane grouillait et pullulait avec vitalité une faune variée, s’adaptant au milieu naturel.
3) Réseau hydrographique :
il y a cent ans, le territoire national était quadrillé en totalité et en toute saison par des cours d’eaux permanents, abondants et réguliers, navigables dans tous leurs biefs, qui charriaient toute l’année vers l’Océan Atlantique des eaux limoneuses chargées de matières fertilisantes.
Ces cours d’eau formaient un réseau dense et continu drainant tout le pays, en général d’Est en Ouest et coulaient tranquillement sur la paisible plaine sénégalaise. Pour tous, la pante était faible, réseaux inexistante et les lignes de séparation des bassins versants étaient peu prononcées de plus à cause de la platitude du relief, les rivières n’avaient pas de rives nettement marquées et elles sortaient de leur lit aux moindres crues et rependaient leurs eaux dans les régions voisines transformées en zones lacustre, une bonne partie de l’année.
Les fleuves les plus individualisés étaient :
a) Le Sénégal :
Alors très puissant et qui charriait chaque année vers l’océan un centaine de milliards de m3 d’eau(en moyenne 90 milliards).
Long de 1.750 km, il naît dans le Fouta Djallon. Son bassin versant alors compris entre les isohyètes2.500 mm et 500 mm avec sa superficie de 345.000 km2 centralisait des quantités colossale d’eaux ce qui explique le débit annuel cité plus haut. Le régime du Sénégal était régulier et son débit moyen se situait alors autour de 1.800 m3/seconde. Le débit maximum, (Bakel en septembre) était de 5.000 m3/seconde et son débit d’étiage (Bakel moi de Mai) encore au alentour de 500 m3/seconde.
A cette époque le Sénégal était un fleuve remarquablement régulier, navigable toute l’année jusqu'à Khayes et formant dans son lit majeur une zone de végétation compacte, homogène, d’espace presque équatoriale.
b) Le Ferlo :
Egalement puissant long de 600 km, coule entièrement en territoire sénégalais. Prend sa source dans les collines de Boundou, non loin de Bakel et draine toute la cuvette intérieure du Férlo.
Il était alors permanent. Renforcés par de multiples affluents (Louga, Taitngol, Mangol, Loumbel) il coulait toute l’année et aimantait un lac Delta de 600 km2 qui pouvait contenir jusqu'à 3 milliards de m3, le lac de Guiers qui a été par la suite capté par le fleuve Sénégal.
Le Ferlo était donc le centre d’une région extrêmement vivante et boisée, humide et fertile. Le Djoloff à cette époque présentait une végétation plus luxuriante que celle de la Casamance actuelle.
c) Le Sine :
Long de 250 km naitt en plein plateau central sénégalais et se jette dans la Saloum après avoir arrosé Diourbel et Fatick C’était un rivière paisible coulant tranquillement ses eaux dans la vaste plaine du Baol d’alors…
d) Le Saloum :
Long de 400km naît dans la même zone que le Sine et se termine dans l’océan, après avoir creusé un vaste estuaire alors bordé de palétuviers aux racine aérienne enchevêtrées.
e) La Gambie :
Deuxième fleuve sénégalais par la puissance et la Longueur (1.15km) nait dans le Fouta Djallon. Même caractéristique en gros que le Sénégal avec ses affluents ayant un gros débit.
f) La Casamance :
Long de 300 km entièrement en terrioire sénégalais.
- Eaux abondantes, peu torrentielles
- Larges estuaire. Rappelle par ses caractéristiques le Ferlo et le Saloum.
II. LE SÉNÉGAL GÉOGRAPHIQUE D'AUJOURD'HUI
En moins d’un siècle, une évolution négative considérable s’est produite dans notre pays, sur le plan géographie. Une Altération profonde de notre écosystème a eu lieu, et en examinant les nouvelles caractéristiques des éléments climatiques du Sénégal, nous verrons, le grand danger qui nous menace.
1) La pluviométrie a chuté verticalement.
- Dans la région méridionale (Casamance, Sénégal Oriental), elle se situe au alentour de 1.200 mm, se répartissant sur 5 mois (Juin, Octobre). Les précipitations diminuent d’Ouest en Est, la zone de Ziguinchor et d’Oussouye étant la plus arrogée avec 1.500 mm.
- Dans la région centrale (Sine Saloum, Boundou) pluie de 800 à 1.000 mm, l’hivernage dure 5 mois et est plus précoce à l’Est qu’à l’Ouest.
- Pour la région septentrionale (Ferlo région du fleuve) 300 à 600 mm, répartis sur 4 mois.
- La région côtière (Niayes Cap-Vert) reçoit également en gros 300 à 600 mm, en 3 mois généralement.
2) La végétation, suivant la courbe pluviométrique, est également en décadence.
a) La Foret occupe encore la Casamance et le Sénégal-Oriental, foret résiduelle présentant des aspects multiples et des espèces variées et son sous-bois se couvre en hivernage de grandes herbes pouvant dépasser 1,5 m de hauteur.
b) La savane occupe le Rip, le Boundou et le Sud du Ferlo. Elle comprend des arbres pouvant atteindre 20 m, des arbustes de 5 à 12 m, des herbes assez hautes. Les espèces sont nombreuses et le peuplement végétal varié.
c) La steppe est une formation herbeuse piquetée d’épineux (Cayor, Baol, Djoloff, Diéri du Fouta).
d) Notons en fin, des aspects particuliers assez individualisés:
- Les forets-galeries (Vallée du Fleuve).
- Les Mangroves des estuaires (Saloum, Gambie, Casamance)
- La végétation pseudo-guinéenne des cuvettes des Niayes
3) Le réseau hydrographique est devenu squelettique. Ses principaux éléments sont :
a) Le Sénégal, ayant en moyenne un débit de 775 m3/seconde. Ses
affluents de la rive droite sont devenues de torrents éphémères. Mais heureusement, le Bafing, le Bakoy, le Baoulé, le Falémé, sont encore vivant.
b) La Gambie conserve un bassin versant ou les pluies restent abondantes, mais son débit comme celui du Sénégal, a considérablement chuté.
c) La Casamance draine encore le bassin de même nom lais devient un filet en amont de Diana Malari.
d) Le Ferlo, le Sine et le Saloum eux sont devenus des vallées mortes. Seuls subsistent les estuaires devenus des bras de mer (Sine- Saloum) et le lac de Guiers (Ferlo).
Cette description qui figure encore en bonne place dans plusieurs études faites par d’éminents géographes, est malheureusement pour nous déjà dépassée. Valable, peut être pour les années cinquante, elle ne convient plus aux données actuelles de notre géographie. En quelques années, le tableau a complètement changé d’une façon dramatique. Du Nord au Sud, de notre pays se succèdent maintenant:
1) Les Ergs sableux, dénudés et stériles du centre Nord- Ouest (Diéri du Fouta, Cayor, Djoloff, Baol) se couvrant parfois au mois d’Aout d’une steppe sahélienne composée essentiellement de cram-crams.
2) La cuirassé ferrugineuse latéritique, dure comme roc occupant les bas plateaux du Boundou et du Sine-Saloum.
3) Les lambeaux de forets, vestiges de la forêt dense primitive qui existent encore dans quelques zones de la Casamance et du Sénégal-Oriental.
- Quant à la pluviométrie, elle baisse dangereusement depuis quelques années et cette chute continue explique nos inquiétudes :
Ziguinchor dont l’ambiance était autre fois presque tropicale, voit quelques années sa courbe descendre autour de 600 mm et Dagana à l’extrême Nord n’a comptabilisé cette année que 112 mm de pluie alors que Ross Béthio reste à 77 mm.
- Pendant ce temps les cours d’eaux se fossilisent et abritent une succession de dunes arides : le Ferlo, le Sine, le Saloum ont disparu et n’apparaissent sur les carte de géographie que sous forme d’un pointillé très discontinu.
- Le Sénégal lui-même, ce géant d’autrefois, devient progressivement une vallée morte avec des bancs de sables des gués innombrables, sur tout son parcours (sauf au niveau de l’embouchure à cause de la remontée océanique). Au mois de Mai il ne reste plus qu’un tracé héritant qui risque si rien n’est fait, de disparaître sous la poussée des dunes du Trarza.
- La Gambie et la Casamance malgré des conditions plus favorables suivent le même itinéraire.
Assurément , le désert est à nos portes et il est temps de réagir avant qu’il ne soit trop tard : quotidiennement sous nos yeux, sans feux de brousse ou hache du bûcheron, nous voyons des arbres, brusquement devenir secs et mourir, leurs racines démesurément allongées n’arrivent plus à atteindre la nappe phréatique qui s’enfonce toujours davantage dans le sol.
La vie est entrain de nous fuir et nous devons cerner de plus près les raisons de cette grave orientation, grosse de conséquences pour notre pays et ses habitants.
III. LES CAUSES DE LA DÉSERTIFICATION DU SÉNÉGAL
La menace de désertification qui pèse sur tout le Sénégal est liée à plusieurs facteurs :
1) Elle n’est pas liée et cela est important pour l’avenir, à une modification fondamentale des mécanismes climatique. Cette constatation est capitale car elle indique la réversibilité des phénomènes existants actuellement.
La circulation atmosphérique au Sénégal qui détermine le circuit des vents, donc le climat est commandé par 3 centres d’actions:
- La ceinture des hautes pressions subtropicales de l’hémisphère Nord, anticyclone des Açores et cellules libyennes (ou maghrébine).
- La ceinture des hautes pressions de l’hémisphère Sud : l’anticyclone de St Hélène.
- Entre les deux, la zone des basses pressions inter tropicales.
De ces centres prennent naissance des courants atmosphériques dominants qui déterminent les conditions climatiques : Ces courants sont constitués par l’alizé, l’harmattan et la mousson.
*L’alizé est originaire des hautes pressions que forme l’anticyclone des Açores : c’est un vent régulier de secteur Nord-ouest, modéré, frais et relativement humide, qui se manifeste dans la région côtière, surtout de Novembre à fin Mars . Si l’alizé est activée part l’air polaire, il peut donner lieu à quelques petites pluies (Heug).
*L’harmattan issu de la cellule anticyclone libyenne (ou maghrébine) au long parcours continental. Il est chaud et sec. De secteur Est-Nord-Est il est porteur de chaleur et de sécheresse.
*La mousson s’établit à partir du mois d’Avril sous l’effet du creusement de la dépression thermique continentale, à partir de l’anticyclone et St Hélène. C’est la mousson (venant donc de l’atlantique sud) qui détermine la saison des pluies au Sénégal. Vent humide saturé d’humidité, c’est lui qui est à l’origine des pluies, don l’intensité varie avec l’épaisseur de la Mousson.
Ces mécanismes fondamentaux, tout en ayant des variations annuelles importantes sont restées immuables, dans l’ensemble et ne sont donc pas l’origine des modifications climatique actuelles observées.
2) La cause essentielle de notre désertification est le degré de sécheresse très élevé des masses atmosphériques qui se forment en permanence dans les zone continentales de nos régions : l’absence de vapeur matérialisée par la limpidité de l’air pendant de longues périodes de l’année est à l’origine du manque de pluies. Le degré hygrométrique est si faible qu’il interdit ou rend difficile toute précipitation.
L’absence de vapeur d’eau, empêche la contamination de l’instabilité qui est génératrice de pluies.
Mais pourquoi ce déficit chronique de notre atmosphère continentale en vapeur d’eau ?
Ce déficit est lié :
a) Premièrement à une cause lointaine dans le temps et dans l’espace :
- La formation du Sahara.
Tout le monde sait que ce qui est appelé aujourd'hui Sahara était il y'a pas si longtemps, une prairie verdoyante arborée, parsemée de lacs, et traversée par des fleuves puissants, venant du Sud(Djoliba) mais descendant également du Hoggar et de l’Atlas. L’examen attentif d’une carte, même actuelle, le montre avec évidence.
Le changement a eu lieu et cela est aussi évident sur une carte après la capture du Djoliba(Niger supérieur) par l’Issaber ( Niger moyen) au niveau du seuil de Toaye. Cette accident géographique dont la date pourra être précisée par des études sérieuses (au niveau par exemple des services du Professeur Cheikh Anta Diop) est le phénomène le plus marquant de l’histoire géographique de notre région Ouest-Africaine. Les eaux du Djoliba déviées vers le golf de Guinée qui n’en avait pas besoin, ont manqué au Nord et le lac intérieur, autrefois, véritable méditerranée d’eau douce, s’est vidé progressivement entraînant un assèchement qui est à l’origine de la formation du grand désert avec raréfaction des pluies et chute du degré hygrométrique. Les conséquences ont été pour le Sénégal comme pour les autres pays du Sahel et de l’Afrique du Nord (Maghreb, Lybie, Egypte) l’installation d’une sécheresse permanente évoluant dans certains cas vers l’aridité absolue.
b) Deuxièmement à une cause locale et récente : la destruction de la forêt sénégalaise par l’extension de la culture de l’arachide.
Introduite au Sénégal vers les années 1840, cette légumineuse originaire d’Amérique du Sud, a rapidement élu domicile et gagné du terrain. Elle a d’abord envahi méthodiquement le Ndiambour (autour de Louga) détruisant tout autour d’elle : en quelques années, cette région autrefois savane arborée, est devenu un immense erg plein de désolation.
Toujours sous la pression des colonialistes avides de profits, la forêt du Baol, impénétrable il y a seulement une centaine d’années, a disparu comme sous l’effet d’un cataclysme, laissant à sa place quelques touffes d’épineux, et de plaques de cram-crams.
Cette déforestation qui continue actuellement sa poussée inexorable vers le sud a pour conséquence :
- La disparation des eaux superficielles, que rien ne retient plus.
- L’anéantissement de la réserve d’eau lié à la forêt lui-même.
Le tout se combinait pour abaisser le degré hygrométrique de l’air ambiant qui est comme nous l’avons vu plus haut, la cause fondamentale de la raréfaction des pluies sous nos climats.
Au total, le déficit en vapeur d’eau lié à la formation du Sahara et à la destruction locale de notre forêt, est le mal qu’il faut enrayer si nous voulons inverser le processus de désertification.
Comment y arriver ?
C’est l’objet du IVe Chapitre de cette étude.
IV. LES SOLUTIONS POUR INVERSER LE PROCESSUS DE DÉSERTIFICATION DU SÉNÉGAL
Le chapitre III de cette étude à permis de déterminer avec précision, la cause première de la désertification de Sénégal , à savoir, le manque de saturation en vapeur d'eau de l'air en circulation.
Élever le degré hygrométrique de l'atmosphère ambiante, en produisant en quatité suffisante la vapeur nécéssaire à la formation des nuages et la création de l'instabilité génératrice de pluies est le clef du problème.
Pour y arriver, il faut constituer, une vaste surface hydraulique, la plus étendue possible qui sera avec le soleil, largement disponible, la matière première de la reconversion climatique de notre zone.
Les points d'application de ces réalisations se situent à deux niveaux:
1) Au niveau continental, qui dépasse nous possibilité d'intervention à nous , sénégalais, il faut construire à Tosaye, un barrage pour dévier les eaux du Djoliba dans la cuvette saharienne: la reconstitution année après année de l'ancien lac intérieur créera d'abord une micro climatologie et secondairement une modification fondamentale et généralisée du climat, par l'accumulation en continent d'une masse considérable de vapeur d'eau, de nouvelles conditions étant ainsi créées, une nouvelle orientation s'amorcera et bouleversera complètement la situation que nous connaissons actuellement.
2) Au niveau strictement Sénégalais où une décision peut être prise en toute souveraineté par les autorité politiques nationales, il faut:
a) Constituer dans toutes les régions, partout où cela est possible des réserves superficelles d'eau, en construisant des barrages sur tous les cours d'eau existants avec comme objectif, la formation d'une surface liquide égale au 1/5 de la superficie nationale. Il faut retenir sur le continent la totalité la totalité de l'eau issue des pluies.
b) Former dans le Ferlo un lac artificiel qui sera la pièce maîtresse du dispositif. Ce lac aura une superficie 3000 km2 et sera capable de stocker quinze milliard de m3 d'eau.
Pour se faire:
- Un barrage sera construit sur le fleuve Sénégal à Bakel, à la côte 22 m voire 25 m.
- Un canal Sénégal-Ferlo qui n'aura que quelque kilomètres de long car le Ferlo prend sa source prés de Bakel, déviera une partie des eaux du Sénégal dans le Ferlo.
- Un barrage de retenue édifié à Mbeulekhé à quelques kilomètres en aval de Yang-Yang, permettra l'accumulation des eaux déviées et la formation du lac du Ferlo.
Ces réalisations permettrons:
- La formation du d'une vaste surface d'évaporation, pour la production de vapeur donc de la pluie.
- La reconstitution de la forêt et du tapis végétal donc des pâturages.
- La remise en eau du réseau hydrographique central par la revitalisation du Sine, du Saloum et autre rivières de la zone.
- L'organisation de l'irrigation sur ces terres du centre actuellement arides et desséchées.
Et globalement la modification du climat du climat et l'inversion du processus de désertification, seront les aboutissements heureux des toutes ces actions combinées.
Nous voyons donc à l'issue de cette étude que notre situation, malgré nos malheurs actuels, n'est pas irréversible. Une politique vraiment nationale conduite par des patriotes convaincus et compétant peut, même dans le domaine "mystérieux" de la climatologie apporter des modifications significatives dont les conséquences seront considérables pour l'avenir du peuple.
Docteur Oumar Wone, Décembre 1982