Article de Mamadou Khaly Diop, publé en Juin 1982 dans l'organe central du parti Doomu Réewmi, Le Patriote.
Avant d'aborder le sujet, nous allons essayer de définir quelques notions qui pourraient aider à la compréhension du problème. La monnaie peut se définir, dans une économie marchande, comme un moyen d'échange dans un marché animée par des vendeurs et des acheteurs. les vendeurs proposent des produits aux acheteurs qui peuvent être de divers origines (ménages, entreprises, états).
La monnaie est donc l'étalon de mesure de la valeur de tous les produit qui se vende dans le marché et renferme ainsi un pouvoir d'achat qui permet à celui qui le détient d'acquérir un certains nombre de biens et de services.
Elle peut exister sous forme de pièces métallique ou sous forme de billets.
Créé initialement en 1939, juste avant la Seconde Guerre mondiale, de fait le franc CFA est officiellement né le 26 décembre 1945, jour où la France ratifie les accords de Bretton Woods et procède à sa première déclaration de parité au Fonds monétaire international (FMI). Il signifie alors « franc des colonies françaises d'Afrique ». Il est alors émis par la caisse centrale de la France d'outre-mer.
En 1958, le franc CFA devient « franc de la communauté française d'Afrique ».
Avant les indépendances, les anciennes colonies françaises étaient intégrés dans une zone monétaire unique : la zone franc. Le Franc qui circulait dans les colonies s’appelait CFA (Colonies Françaises d'Afrique). La gestion de la monnaie étaient assuré par le trésor français.
En 1962 après les indépendances, une union monétaire à été crée, qui regroupe actuellement le Sénégal, la Cote d'Ivoire, la Haute Volta , le Bénin et le Niger. elle fait fonction de superviseur, dans le cadre de la BCEAO des opérations d'émission monétaire et de crédits à l'intérieur des pays membres.
Huit États d’Afrique de l’Ouest : le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo formant l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), dont l'institut d'émission est la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) ; pour ce groupe, franc CFA est désormais désigné par franc de la communauté financière d’Afrique ; son code ISO 4217 est XOF .
Cependant, ces pays continuent toujours a appartenir à la zone franc. La convertibilité du franc CFA est illimitée par rapport au franc français et la circulation monétaire est libre. La parité entre le franc français et le franc CFA est fixe (un franc français s'échange contre 50 francs CFA).
Cependant cette convertibilité et cette liberté de circulation monétaire de ne sont assurées qu'à l'intérieur des pays appartenant à la zone franc. Ce qui signifie que nos échanges avec les autres pays se feront avec les monnaies de ces pays libellées en franc français.
En d'autres termes si nous voulons acheter du blé américain, il nous faudra des dollars qui seront évalués en fonction de la valeur du francs français sur le marché financier international. Mais notre appartenance à la zone franc n'est pas sans poser des problèmes à nos économies.
La convertibilité illimitée du franc CFA par rapport au franc français favorise la fuite des capitaux détenus par les nationaux, alors que nos économie ont grandement besoin de capitaux pour la réalisation de nos investissements.
D'autres parts nos économies subissent les fluctuations conjoncturelles de l'économie française étant donné que tous nos achats à l'extérieur de la zone franc sont libellés en franc français.
Les dévaluations successives du franc français (octobre 81 8%, juin 82 10%, soit une dévaluation cumulée de 18% en moins d'un an) vont avoir des répercussions graves sur notre commerce extérieur alors que nous ne sommes nullement responsables de la situation qui a entraînée les ajustement de la monnaie française.
Cette modification paritaire va renchérir nos importations car les produit achetés à l'extérieur compte non tenu des hausses des prix vont nous coûter plus cher.
Ce phénomène entraînera une augmentation du déficit de notre balance des paiements d'autant plus que malheureusement nos exportations stagnent, si elles ne sont pas entrain de chuter.
Nous estimons donc qu'une monnaie nationale, gérée en dehors de la zone CFA est l'unique voie qui puisse nous mener à l'indépendance économique. Cette monnaie servira de moyens d'échange à l'intérieur du pays.
Une réorganisation des circuits économiques s'imposera sur le plan extérieur, ce choix s'accompagnera de profondes économiques et sociales qui tendront à résorber le déficit de la balance des payements et à dégager un excédent qui pourra nous permettre de faire face à nos besoins en importation.
Par ailleurs, l'exploitation rationnelle de nos ressources qui sont immenses nous permettra de constituer un stock de devises qui servira pour le commerce extérieur.
Parallèlement la création d'une monnaie nationale permettra la normalisation et intensification de nos échanges avec les pays qui nous entourent (Mauritanie, Mali, Guinée Conakry, Guinée Bissau, Gambie, Cap Vert) qui ont leur propre monnaie. Pendant que la production sur place de produits actuellement importés (riz, lait, petits matériels) permettra la réalisation d'économies substantielles.
Toutes ces actions sont réalisables. il suffit tout simplement de vouloir et d'oser. La fuite des capitaux cessera avec la créations de la monnaie nationale et l'épargne qui sera dégagée nous servira a réaliser des investissements qui relanceront la demande et tendrons à la réalisation du plein emploi.
Le franc français est monnaie nationale française, le dollar une monnaie nationale américaine le rouble une monnaie nationale Russe, le Mark est une monnaie nationale allemande. C'est grâce au développement de leurs économies que ces monnaies sont devenues ce qu'elles sont aujourd'hui.
Pourquoi pas une monnaie nationale sénégalaise?
Tout est question de volonté politique. mais nous croyons et nous sommes certains que nous sommes capable de gere notre propre devenir économique.
Mamadou Khaly Diop, Juin 1982