PRES : Redresser sans relancer, une impasse pour le Sénégal.

Par Abdourahmane Wone

20/12/2025

Lecture 4 min


Le Sénégal traverse une période économique délicate qui appelle des réponses sérieuses, efficaces et justes. Face aux tensions sur les finances publiques, le Gouvernement a présenté le Plan de Redressement Économique et Social (PRES). Mais derrière l’intitulé, une réalité s’impose : le PRES est un plan de redressement sans véritable relance économique, et cette lacune pose un problème de fond.


Le PRES repose essentiellement sur une logique de mobilisation accrue de ressources internes, par la fiscalité et diverses mesures contraignantes. Cette approche peut donner l’illusion de la rigueur budgétaire. En réalité, elle intervient à contretemps, dans un contexte où l’économie nationale est déjà fragilisée, les entreprises sous pression et le pouvoir d’achat des ménages en recul.


On ne redresse pas durablement les comptes publics sur une économie affaiblie.


Une charge mal répartie


L’un des problèmes majeurs du PRES est la répartition de l’effort. L’essentiel du poids est supporté par les citoyens, les consommateurs et les acteurs économiques locaux. L’État, en revanche, s’impose peu de contraintes visibles sur la réduction de son train de vie et sur la réforme structurelle du secteur parapublic.


Cette asymétrie est non seulement injuste, mais inefficace. Taxer davantage une économie en ralentissement ne crée ni croissance, ni emploi, ni recettes durables. Cela accentue l’asphyxie du secteur privé, nourrit l’informel et affaiblit la base même sur laquelle repose le redressement budgétaire.


Changer de méthode


C’est pour rompre avec cette logique que Mouhamadou Madana Kane a proposé le Programme Accéléré de Redressement Économique (PARÉ). Madana ne s'est pas contenté de critiquer, il a fait l'effort de proposer un véritable programme alternatif. PARÉ repose sur un principe simple mais fondamental : il faut relancer l’économie pour redresser durablement les comptes publics.


Contrairement au PRES, le PARÉ place la relance au cœur de la stratégie. Relancer l’emploi, soutenir la production nationale et redonner de la capacité de consommation aux ménages ne sont pas des choix idéologiques, mais des impératifs économiques. Sans activité, il n’y a ni recettes fiscales suffisantes, ni stabilité budgétaire possible.


Le PARÉ ne nie pas la nécessité de la rigueur. Il la rend possible. Il articule deux chantiers indissociables : la relance de l’économie et le redressement des comptes publics.


L’État face à ses responsabilités


Un redressement crédible suppose que l’État montre l’exemple. Le PARÉ propose une réorganisation du rôle de l’État central, une rationalisation du secteur parapublic, une gestion plus soutenable de la dette et le recours à des outils d’ingénierie et de diplomatie financières adaptés.


Il ne s’agit pas de refuser l’effort, mais de le répartir équitablement et intelligemment. Demander des sacrifices sans créer les conditions de la croissance revient à fragiliser encore davantage le pays.


Un choix politique clair


Au fond, le débat entre le PRES et le PARÉ est un choix politique.

Le PRES fait le pari du redressement sans relance.

Le PARÉ fait le pari de la relance pour rendre le redressement possible.


Redresser sans relancer, c’est demander aux citoyens de payer une crise qu’ils n’ont pas créée. Relancer pour redresser, c’est investir dans l’avenir, restaurer la confiance et bâtir des finances publiques saines sur une économie vivante.


Le Sénégal mérite une politique économique qui soutient l’activité, protège le tissu productif et exige de l’État qu’il soit le premier à faire des efforts. C’est le sens du PARÉ.


Abdourahmane Wone

Secrétaire Général du Parti Populaire Sénégalais, membre de la coalition Dund Leneen.

PRES : Redresser sans relancer, une impasse pour le Sénégal.
Abdourahmane Wone 20 décembre 2025
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