Docteur Oumar Wone
Né le 06 février 1929 à Podor, décédé le 02 mai 2013 à Dakar.
Biographie
Discours de présentation du Docteur Oumar Wone par Ciré Wone, prononcé le 6 mars 2016 à Diourbel à l'occasion de la Semaine Nationale de jeunesse dont le parrain été le Docteur Wone.
Monsieur le Ministre
Monsieur Le Gouverneur de la Région de Diourbel
Monsieur Le Préfet du Département de Diourbel
Monsieur Le Président du Conseil Départemental de Diourbel
Monsieur Le Maire de la commune de Diourbel
Messieurs les Maires des communes du département de Diourbel
Mesdames et Messieurs les chefs de services départementaux
Monsieur Le Président du conseil départemental de la jeunesse
Mesdames et Messieurs, Chers invités.
C’est avec honneur et le plus grand plaisir, qu’au nom de toute la famille wone et alliés, je présente le Docteur Oumar Wone en tant que parrain de cette semaine départementale de la jeunesse.
Docteur Oumar Wone, né en 1929 à Podor est un homme multidimensionnel. Le docteur ? Le géologue ? L’astrologue ? L’homme politique ? Le Patriote actif ? Ou l’homme tout court ?
On ne saurait s’étaler en ce bref instant sur une vie aussi riche que dense et si bien remplie !
Nous allons essayer autant que faire se peut de donner un aperçu sur l’homme comme le souligne Mr le préfet dans sa lettre à la famille, je cite « Le Docteur Oumar Wone est un modèle d’engagement. Notre choix se justifie de par sa probité morale, son amour pour la cité et aussi ses actions multiformes au profit des populations de Diourbel » fin de citation.
A la jeunesse puisque c’est d’elle qu’il s’agit, voici en bref votre parrain.
Le Docteur Oumar Wone entra à l’école française à l’âge de dix ans après avoir terminé le Coran pour une deuxième fois. Brillant élève à l’école Régionale de Podor, il fit trois ans à l’élémentaire ! Le CI, le CE1 puis le CM1 où il fut présenté comme candidat à l’entrée en sixième ; il réussit avec excellence comme major de l’AOF (Afrique Occidentale Française). Ce titre de major ne l’a plus jamais quitté jusqu’à sa sortie de l’école de médecine de Bordeaux.) Nous n’allons pas passer ce chapitre d’étudiant en France sans souligner un fait inédit ! Tenez vous bien, il se fait des diplômes en géologie, en science politique , en astrologie et termine sa médecine major de sa promotion.
En allant étudier en France nous disait –t-il, je ne me souciais que d’une chose : étudier sérieusement, sortir le meilleur comme d’habitude (rire) et revenir servir mon Pays. Mais dés mon arrivée en France, en suivant les événements de la guerre de libération d’Algérie, je fus choqué par les atrocités inhumaines et les supplices monstrueux qu’on faisait subir aux révolutionnaires algériens qui se battaient légitimement pour leur indépendance ; j’eus un déclic extraordinaire ! Je me suis alors dit que ces gens là ne sont pas venus pour nos beaux yeux mais veulent asservir nos populations. C’est alors que je me suis mis à science po. J’envahissais les bibliothèques à étudier le matérialisme historique et dialectique, j’ai intégré le mouvement de la fédération des étudiants de l’Afrique noire francophone - La FEANF-. Je rappelle qu’il fut le SG de la FEANF, une structure qui fut dirigée par beaucoup de Sénégalais dont Cheikh Anta , Maj mouth Diop , notre concitoyen le magistrat Ousmane Camara de Diourbel et j’en passe .
A son retour au Sénégal, il intègre le mouvement clandestin du PAI dont il fut un des principaux animateur ; la preuve, il fut affecté pour son premier poste de responsabilité comme médecin chef de Kolda en 1960, (année où je l’ai rejoint, j’avais neuf ans). Après quatre années de service ardu et laborieux auprès des populations de Kolda (il montait à 08H et ne descendait jamais avant 19 h ce que du reste les diourbelois connaissent) ce qui veut dire que de 1960 aux années 2000, il n’a pas varié dans son engagement au travail pour soulager ses concitoyens. Mais pour dire à quel point c’était un homme d’engagement pour son pays, il a simultanément mené une vie politique clandestine active et son logement de médecin à Kolda était le quartier général de l’organisation du PAI avec des réunions à des heures indues ; tant et si bien qu’il fut arrêté et enfermé à Reubeus pour « activités subversives ». Cette arrestation sous mes yeux et ceux de ma chère défunte Tante Fatou Ly (que la terre lui soit légère) fut brutale et faite avec beaucoup de zèle.
Il faut noter qu’ne contestation populaire contre cette arrestation fut vite étouffée dans l’œuf par le régime d’alors.
On le libéra trois mois après et fut affecté tour à tour - avec la ferme résolution du pouvoir en place de ne plus jamais lui donner le temps d’organiser des cellules politiques actives - comme médecin chef en 1965/66 à Louga pour 1 an , en 1967/68 à Ziguinchor pour 1 an , en 1968/69 à St Louis pour 1 an , en 1970/72 à Dakar pour 2 ans à la polyclinique , en 1973/74 ensuite Diourbel où il fait 2 ans , on tente de le réaffecter à Louga comme Médecin chef et là, il refuse de partir pour préserver dit-il l’éducation de ses enfants ,comme l’administration persiste, il demande une disponibilité de 3 ans qu’on lui accorde et il ouvre la Clinique Khadim que vous connaissez. Il n’a jamais voulu faire du privé mais on l’y eut contraint et c’est la raison pour laquelle on comprend qu’il y eut fait beaucoup de social au service des plus démunis ; ses secrétaires d’alors ici présentes ne me démentiront pas.
Pour en revenir aux attributs du parrain cités plus haut dont Patriote actif, puisqu’il a crée un parti politique pour se faire entendre de ses concitoyens. C’est le géologue qui parlait quand en 1983 il écrit un article énorme sur le développement industriel du Sénégal avec comme le titre : - LE SENEGAL PEUT DEVENIR UN GRAND PAYS INDUSTRIEL – Tout y était : les gisements miniers énormes du Sénégal dont la Tourbe, le Pétrole, le Gaz, l’or de Sabodola, le fer de Kédougou, le manganèse, le molybdène le lignite, le tungstène, l’uranium, les phosphates de Matam, Les sites et les stratégies d’exploitation etc... Ceux qui n’ont pas lu ce journal qu’il avait d’ailleurs appelé Le Patriote, se rappellent quand même de sa forte conviction quand il martelait avec vigueur « fi amna pétrole ma ko wax » lors de la campagne électorale de 1983 où il était candidat à la présidence.
Docteur Wone était un visionnaire serein et courageux. Lors de cette campagne de 1983, on se rappelle , il a tenu une conférence de presse avec tous journalistes de la presse nationale et internationale à l’école des infirmiers et infirmières d’état de Dakar , alors qu’un tapage monstre se faisait sur « le grand projet du CANAL DU CAYOR » qui devrait alimenter Dakar en eau , il démonte le projet lucidement ; ce projet qu’il traitait d’utopique en disant qu’il ne verra jamais le jour et que si cela arrivait disait-il , que les journalistes viennent lui dire qu’il a menti. Ce projet tapageux n’a jamais vu le jour.
Il nous disait que le Sénégal était aussi riche que le Gabon en pétrole avec des gisements colossaux de gaz. Aujourd’hui plus de Trente quatre ans après, il n’a pas menti sur le canal du Cayor mais non plus sur « fi amna pétrole ma ko wax » Dans ce journal sus cité il avait alors mentionné la réalisation du chemin de fer Ziguinchor- Kédougou dans la zone aurifère de Sabodola vers Tambacounda (aujourd’hui on agite cette idée). Il faut rappeler que dans un autre N° de son journal Doomu rewmi (le Patriote) il produisit un autre grand document sur comment reverdir le Sénégal en revitalisant les vallées fossiles du Sénégal et en créant un grand Lac artificiel au Nord, dans la zone du ferlo. Cet article a dû frapper l’imagination qui a amené les bassins de rétention qui ont fini comme on le sait.
Parmi les zones pétrolières citées, notre région en fait partie et le gisement je le répète ici est non loin de là, puisqu’il est à Nébé.
Mesdames, mesdemoiselles et messieurs, il ne s’agissait pas de faire un discours sur l’homme avec des citations humanistes et autre mais il s’agissait de raconter l’homme et de le citer lui-même. Au nom de la famille toute entière encore une fois nous vous remercions de l’attention portée sur notre cher Docteur Oumar Wone et que la jeunesse de Diourbel s’en inspire lui qui a été aussi le médecin particulier de feu Abdoulahd Mbacke , un patient qui est devenu un ami au point que notre benjamin ici présent, grand technicien des multimédias s’appelle Abdoulahad Wone.
Merci à toutes et tous.
Ciré Wone, représentant de la famille du parrain.